Le 22 avril 2025, nous avons lancé un sondage sur notre chaîne WhatsApp avec la question "Quels outils utilisez-vous pour vous informer ?". Les résultats indiquent une forte tendance vers les réseaux sociaux (Facebook, Instagram, Twitter/X...) comme principale source d'information, recueillant un total de 25 votes. La radio arrive en deuxième position avec 7 votes. Les sites web d'actualité suivent avec 4 votes, et le bouche-à-oreille/famille/amis comptabilise 3 votes. La télévision, avec 2 votes, et les journaux imprimés, avec aucun vote, suggèrent un intérêt plus faible pour ces formes de médias traditionnels dans notre communauté.
L'Ascension Fulgurante des Réseaux Sociaux : Une Nouvelle Ère pour l'Information
Ces résultats font écho à une tendance plus globale observée dans les grandes villes : l'attrait pour les plateformes numériques, accessibles via les téléphones portables et souvent perçues comme gratuites, est manifeste. Des plateformes comme Facebook, WhatsApp et Twitter offrent un flux d'informations continu et interactif, fréquemment partagé au sein des réseaux personnels et par des figures d'influence locales.
Le sondage illustre de manière frappante un changement fondamental dans les habitudes d'accès à l'information. La suprématie des réseaux sociaux comme source principale est indéniable, surpassant largement les médias traditionnels tels que la radio, la télévision et la presse écrite. Ce phénomène, loin d'être isolé, reflète une tendance nationale où la population, en particulier les jeunes, favorise les formats numériques, aisément accessibles via les smartphones et souvent sans frais. L'omniprésence de plateformes comme Facebook, WhatsApp et Twitter alimente cette réalité, offrant un flux constant et interactif d'informations, fréquemment partagées par les pairs ou des personnalités influentes locales (Jean-Baptiste, 2022 ; Jadin, 2021).
Le Déclin des Médias Traditionnels
Les résultats de ce sondage confirment le recul des supports d'information traditionnels. Avec seulement deux votes pour la télévision et aucun pour les journaux imprimés, un désintérêt significatif se manifeste, attribuable à divers facteurs tels que le coût d'accès, la lenteur de diffusion et un manque de personnalisation de l'information. La radio, avec sept votes, montre une meilleure résistance, probablement en raison de sa facilité d'accès dans les zones où la couverture internet est limitée. Néanmoins, les médias classiques sont confrontés à la nécessité de se réinventer pour répondre aux attentes d'un public désormais habitué à l'instantanéité et à l'interaction. Leur survie dépendra en grande partie de leur capacité à s'intégrer au numérique, à s'implanter sur les réseaux sociaux et à développer de nouveaux modèles économiques adaptés (Marcelin, 2020 ; UNESCO, 2023).
L'Omniprésence Ambiguë des Réseaux Sociaux : Opportunités et Défis
Si les plateformes sociales sont devenues des outils incontournables pour s'informer, elles soulèvent également des préoccupations majeures. La diffusion d'informations non vérifiées, les manipulations politiques et les bulles algorithmiques peuvent exacerber les divisions sociales et propager la désinformation. Ces enjeux sont particulièrement critiques dans le contexte haïtien, marqué par l'instabilité politique, la fragilité des institutions et une méfiance généralisée envers les sources officielles (Pariser, 2011 ; Duvivier, 2019). Un manque d'éducation aux médias rend les citoyens plus vulnérables aux rumeurs, à la propagande et aux discours polarisants.
Vers une Redéfinition Nécessaire de l'Écosystème Informationnel
Face à ce constat, une double transformation s'avère indispensable. Les médias traditionnels doivent entreprendre une transition numérique structurée, tandis que les utilisateurs des réseaux sociaux doivent acquérir les compétences nécessaires pour distinguer les informations fiables des fausses. Le renforcement de l'éducation aux médias, le soutien à un journalisme indépendant et la régulation des plateformes numériques constituent des leviers essentiels pour garantir un accès à une information fiable, pluraliste et de qualité. L'enjeu est de taille : il s'agit non seulement de préserver le droit à l'information, mais aussi de consolider les fondements d'un débat public sain, pierre angulaire de toute démocratie viable (Chéry, 2018 ; IDB, 2022).
Références :
Jadin, C. (2021). Les médias en Haïti : entre défis de survie et quête d’indépendance. Études Caribéennes, (49).
Jean-Baptiste, R. (2022). Les défis de l’information en Haïti. Médias et Société, 18(2), 45–62.
Marcelin, L. H. (2020). Digital Divide in Haiti. Caribbean Studies Journal, 48(1), 79–98.
Duvivier, F. (2019). Facebook en Haïti : outil citoyen ou instrument de manipulation ? Cahiers du Numérique, 15(3), 113–132.
Pariser, E. (2011). The Filter Bubble. Penguin Press.
Chéry, J. A. (2018). Médias sociaux et démocratie en Haïti. Revue des Médias Francophones, 12(4), 28–36. IDB. (2022).
Haiti Digital Report. UNESCO. (2023). Freedom of Expression and Media Viability in Haiti. https://unesdoc.unesco.org/ark:/48223/pf0000383170